Les derniers Black-Teddy Lupin/Scorpius Malfoy

Il ne faisait pas très froid et pourtant, Victoire frissonna en sentant les dalles de pierres de la terrasse sous ses pieds et resserra sur elle la couverture du lit dans laquelle elle s’était enroulée pour partir à la recherche de Teddy.
Il était là, à demi nu et accoudé au balcon. Elle s’agaça de voir qu’il fumait, même si elle savait que plus qu’un vice, c’était une manière de se calmer pendant la pleine lune. Il était toujours plus irritable ces nuits-là.
Elle glissa presque jusqu’à lui, et entrouvrit la couverture pour coller son torse à son dos. Il ne sursauta pas, et se contenta d’éteindre sa cigarette, galant. Il savait qu’elle détestait l’odeur.
« Bonsoir, toi. » Chuchota-t-elle, et elle embrassa sa clavicule.
Il se retourna et la prit dans ses bras
« Je t’ai réveillée ? »
Elle secoua la tête en souriant. Mieux que personne, il savait qu’elle avait le sommeil extrêmement lourd, comme par exemple la fois où il l’avait retrouvé dormant par terre, sur la descente de lit. Elle était tombée du matelas au cours de la nuit et avait continué à dormir comme si de rien n’était.
« Il y a quelque chose qui te tracasse, n’est-ce pas ? Tu avais l’air ailleurs au dîner.
-Non, bien sûr que non.
-Ça a quelque chose à voir avec ton travail ? »
Il haussa les épaules, et soupira avec ostentation.
« Réussirai-je un jour à te cacher quelque chose ?
-Certainement pas. »
Teddy, suivant les traces de sa mère et de son parrain était devenu Auror, et même un bon d’après ce dernier. Victoire savait que lorsqu’une enquête était en cours, il n’avait pas le droit d’en parler jusqu’à ce qu’elle soit rendue publique et elle n’avait jamais cherché à lui tirer les vers du nez, même s’il n’avait jamais semblé aussi soucieux.
« Retourne te coucher ma belle, je crois bien que quelqu’un doit partir tôt en Roumanie demain matin pour aller voir son tonton Charlie et ses dragons.
-Et que dirais-tu de m’accompagner au lit ?
-Dans une minute. »
Victoire l’aurait bien attendu, juste pour être sûre qu’il irait bien se coucher, mais c’est vrai qu’elle partait très tôt le lendemain matin et qu’il lui fallait encore faire sa valise.
Après un baiser rapide, au goût de cigarette, ce qui la fit grimacer, elle quitta la terrasse.

Dissimulé par le sortilège, Teddy observa les deux garçons.
Albus pleurait.
C’était impressionnant, non pas qu’il ait jamais vu le garçon pleurer, le deuxième fils de son parrain avait été un enfant particulièrement pleurnichard, mais parce qu’il le faisait sans gêne, ou retenue.
Il pleurait, sans se replier sur lui-même comme pour s’offrir en spectacle.
Et d’ailleurs, son unique spectateur, ou tout du moins celui qui aurait du être l’unique témoin de ces pleurs, le contemplait avec une expression bouleversée, comme si lui-même allait à son tour se transformer en fontaine.
Il ne bougeait pas, n’avait pas le moindre geste pour offrir un maigre réconfort à l’inexplicable et inconsolable chagrin d’Albus.
Pour Teddy, qui n’avait jamais vu sur le visage de Scorpius qu’un ennui mal dissimulé sous une couche d’intérêt poli, l'extraordinaire panel d’émotion qui s’y reflétait lui paraissait incroyable.
« C’est bon. » Dit enfin Scorpius, et presque immédiatement, les larmes d’Albus cessèrent de couleur et le brun releva la tête.
Il avait les yeux rouges, mais il souriait.
« Je… » Tenta le blond, mais le brun lui posa un doigt sur les lèvres, et Teddy se sentit incroyablement gêné.
Il y avait tellement de tendresse dans ce geste, et dans les yeux des garçons, tellement plus que celle qu’il devrait y avoir entre deux garçons
« Tu seras un gros idiot de me remercier. »
Scorpius se rembrunit instantanément.
« Je n’allais certainement pas le faire. » Et son ton était tellement boudeur qu’Albus se mit à rire.
« Tu mens vraiment mal »
Scorpius le prit dans ses bras, et le serra, très fort.
« Merci, chuchota-t-il si bas que Teddy l’entendit à peine, merci de pleurer pour moi.
-Toujours, Scorpius. C’est bien notre accord, n’est-ce pas ? »
Scorpius ferma les yeux et sourit.
« Mieux. C’est une promesse. »
Albus se détacha en riant, sans pour autant s’écarter.
La promiscuité entre eux restait vaguement scandaleuse pour Teddy.
« Comme j’aimerai pouvoir tomber amoureux de toi, dit Scorpius.
-Comme j’aimerai que tu tombes amoureux de moi. » Répondit Albus.