Rêveries au coin d’un feu
Il pleuvait, de cette petite pluie fine et drue qui se faufilait entre les vêtements et mordait de ses petites dents glacé la chair tiédie par les pulls, les manteaux et les écharpes.
Le ciel, bas, lourd, infiniment gris et triste semblait prêt à tomber sur Poudlard et sur ses environs d’un moment à l’autre, et les quelques éclairs qui le zébraient dans le lointain auguraient une imminente fin du monde.
Dolores Jane Umbridge s’ennuyait. Elle détestait ce temps, elle détestait ces élèves stupides et geignards qui se pressaient de rentrer dans le hall et plus que tout, elle détestait ce fichu métier, dans ce fichu château au fin fond perdu de l’Ecosse.
Bien sûr, elle avait un rôle très important, casser les pieds à ce vieux fou de Dumbledore autant que lui-même les cassait à Cornélius, et surtout prouver par a + b que les élucubrations ridicules de Potter n’était justement que des divagations d’un esprit malade et fragile, mais parfois, l’ambiance de l’école lui pesait.
En plus, le vieux château était plein de courants d’airs, et cela n’arrangeait en rien ses rhumatismes.
Elle s’approcha de la fenêtre, et s’emmitouflant dans les rideaux de velours, roses et dorées, tant pour se dissimuler aux yeux des élèves que pour se protéger un peu du froid. Ses petits yeux se plissèrent de dégoût lorsqu’elle remarqua un groupe de trois adolescents qui discutaient à l’abri d’une des serres.
Granger, Weasley et l’insupportable morveux qui avait motivé sa « mutation » dans ce trou du cul du monde. Oui, elle était vulgaire, et alors ?
Il faisait froid, par Merlin, plus froid que ce que ses pauvres os pouvaient supporter, et l’on était que début novembre. Sa mauvaise humeur augmenta d’un cran lorsqu’elle vit le trio insupportable des Gryffondor rirent de tous leur cœur.
Le pire, bien sûr, était Potter, le Survivant, l’Elu et autres bêtises. Juste un sale gamin, plus chanceux que ce qui était admissible, menteur et pleurnichard, juste bon à se cacher dans les affreuses robes de Dumbledore lorsque quelque chose n’allait pas comme il voulait.
Weasley était un cas, goinfre et idiot, quoique moins dangereux que ces deux monstrueuses teignes qu’il avait pour frères. Il admirait Potter avec un air de vache enamourée, et comme le bon petit Gryffondor qu’il était l’aurait suivi au bout du monde.
Quand à Granger…
Une insupportable Miss Je-Sais-Tout, d’un caractère presque masculin dans son indépendance et sa fierté.
Elle retourna à son bureau et retrouva avec plaisir l’atmosphère orange, rouge et dorée, presque brûlant comme l’enfer qui se dégageait du foyer de la cheminée.
Derrière elle, elle entendait ses adorables chatons miauler et ronronner, sans doute heureux de sa présence et émerveillés par les étincelles brillantes qui sautaient hors du brasier comme des gerbes d’étoiles.
Certaines allaient sans doute brûler le tapis, mais elle n’avait pas envie de bouger, même pas envie de secouer sa baguette pour remédier à cela. Elle n’aurait qu’à houspiller les elfes de maisons pour qu’ils le restaurent.
Elle s’enfonça un peu plus dans son large fauteuil, et ferma les yeux.
Granger lui revint en tête.
Elle aurait aimé que cette dernière comprenne qu’elle était sur le mauvais chemin, le pire de tous, celui des perdants. Une sorcière si brillante, bien que Sang-de-Bourbe, ce saurait dommage qu’elle perde toutes chances d’avenir pour une erreur de jeunesse.
Elle entrerait dans son bureau, en pleurant.
Oui, elle pleurerait, parce que Dolores ne pourrait jamais lui pardonner si elle gardait sur son visage son air hautain et fier.
Elle pleurerait, donc, et les larmes rouleraient en cascade sur ses joues livides et se perdraient sur ses lèvres pâles et tremblantes, glisseraient le long de sa gorge blanche, palpitante comme un petit oiseau blessé pour s’égarer vers l’encolure de son chemisier.
Ses yeux seraient rouges et cernés, elle aurait passé des nuits sans dormir, sanglotant sur un oreiller de plumes, les cheveux défaits et la bouche entrouverte, juste un drap recouvrant son corps recroquevillé et secoué de spasmes.
« Pardon, pardon, pardon, pardon, pardon, pardon, pardon, pardon, pard… »
Ce serait sa litanie alors qu’elle entrerait dans le bureau.
Est-ce qu’elle aurait honte ?
Oui, elle aurait honte, c’était indispensable, tout comme les pleurs, d’ailleurs.
Elle approcherait du bureau, à pas lent, et baisserait la tête. Ses cheveux bruns et bouclés tomberaient alors devant ses yeux, et ses larmes tomberaient sur le tapis, comme pour éteindre les petites étincelles qui brûlaient en ce moment les fleurs de ladite carpette près de la cheminée.
Une fois devant le bureau, elle se laisserait tomber sur la chaise, la mine abattue, les jambes légèrement écartées dans une position presqu’indécente, et commencerait sa confession.
Elle avait été méchante, une très méchante fille, et il fallait la punir.
Dolores ferait alors le tour du bureau, et s’accroupirait face à la jeune fille, pour capter son regard, obstinément fixé au sol.
Elle lèverait la main, et recueillerait les larmes prêtes à tomber, et ce serait le long de sa main, le long de son bras que les gouttes glisseraient, abreuvant sa peau comme une eau de Jouvence.
Elle lui caresserait la joue, une peau de pêche, très douce, et l’appellerait par son prénom.
« Allons, Hermione, pourquoi pleurez-vous ? »
Et la jeune fille se jetterait dans ses bras, et sangloterait de plus belle.
Elle serait fragile, comme une jeune fleur que l’on peut arracher d’un simple geste. Alors la plus âgée des deux l’assoirait sur son bureau, et commencerait à caresser ses jambes et ses bras, comme pour l’apaiser. Et puis, elle remonterait lentement le long des cuisses, les écartant doucement, et Hermione enlèverait son chemisier, lentement, presque avec douleur.
Elle ne porterait pas de soutien-gorge, et Dolores soupèserait ses seins un peu lourds, et masserait les tétons, qui ressembleraient à des boutons de roses.
Ses deux mains, un peu courtaudes, glisserait depuis la gorge jusqu’au nombril, laissant sur la peau d’une blancheur de lait les marques de ses bagues, comme si un tigre féroce l’avait griffée.
Hermione continuerait de pleurer, c’était important, et ses larmes redoubleraient lorsque Dolores ferait glisser le collant et la culotte. Non, mieux, la Gryffondor ne porterait qu’une jupe, sans collant, ni culotte.
Et donc, ses larmes redoublerait lorsqu’elle dégraferait sa jupe et qu’elle écarterait doucement les jambes pour laisser les mains du professeur se faufiler jusqu’à…
Un coup sec, presqu’hostile frappé contre sa porte la tira de ses rêveries.
« Entrez ! » Cria-t-elle de son bureau, après avoir déverrouillée la serrure d’un nonchalant coup de baguette. Elle se sentait d’une humeur de dogue tout à coup, et derrière elle, ses chatons bien-aimés commençaient à grogner et à feuler.
C’était Rusard, qui venait geindre à propos d’une des nombreuses farces des Jumeaux Weasley. Elle le congédia d’un geste agacé, et reprit le cours de ses pensées.
La jeune Granger viendrait à elle, soit pour plaider la grâce de son ami le Survivant, soit par attrait du pouvoir.
Et ce jour-là, elle l’aurait à sa merci.